Au café de son hameau, réuni avec d'autres villageois autour de la télévision, un soir Simm écoutait cet homme terminer son exposé : " Notre planète sera rendue à l'abîme. Cela prendra le temps qu'il faudra ; mais elle est condamnée, comme nous, irrévocablement à disparaître... de mort naturelle, si on lui en laisse le temps !"
Cette vie fragile, miraculeuse, comme il faut l'aimer !
Et ce siècle, malgré ce dont on l'accuse, le vieil homme en est épris. Quand il aura des économies, il achètera un poste, pour savoir ce qui se passe ailleurs, pour ne jamais être séparé... Il voudrait sans cesse éprouver le pouls de cette terre, guetter ses battements, s'accrocher à son poignet comme à celui d'une femme aimée, sur le point d'enfanter, mais toujours en souffrance, en travail, en convulsions.
extrait de "l'Autre" d'Andrée Chedid