Aimer,
c'est éprouver le goût de l'autre et d'abord que l'autre a du goût :
Il
y a tant de gens "insipides".
Tout
d'un coup,
"coup
de foudre" le bien nommé,
ou
lentement
Quelqu'un
se met à avoir un goût que les autres n'ont pas.
Une
impérieuse nécessité, un manque fondamental se sont donnés rendez-vous
pour
nous tenir par le "bout du coeur".
La
carapace vole en éclats :
On
devient fragile, comme blessé à vif :
on
rêvait de se faire tout seul et l'autre devient indispensable.
Ce
beau cri de Prouhèze
à
l'ange qui lui demande de renoncer
en
ce monde à ce Rodrigue
qu'elle
aime plus que son âme :
"
Il ne saura donc jamais le goût que j'ai!"
Le
goût de l'autre s'éprouve sur ses lèvres.
Le
goût de l'autre embaume comme le parfum des terres.
Le
goût de l'autre prend forme d'un visage :
tout
l'univers se recompose en lui
et
devient beau à n'y pas croire.
Le
goût de l'autre a parfum de caresses,
le
goût de l'autre est attente et prémices.
(...)
Aimer
c'est toujours aller plus loin...
plus
loin que les apparences,
plus
loin que les déceptions,
plus
loin que les lassitudes,
plus
loin que les solitudes.
L'amour
est nomade.
Il
parcours le désert à la recherche d'un puit.
Il
peuple le désert, le peuple de désir,
le
peuple d'espérance.
C'est
en étant nomade que l'amour est fidèle,
fidèle
à la quête inlassable de l'autre,
à
l'attente infatigable de l'autre et des autres...
(...)
Il
sait faire halte aussi dans l'innocence du jour :
les
oasis, comme une visitation de l'ombre et de l'eau.
Mais
une urgence secrète lui enseigne à repartir
et
la marche reprend à la rencontre de l'inconnu,
comme
autant de surprises.
Paul
Baudiquey
Extrait
du livre " Pleins signes" ed. CERF

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